Genèse du projet
L’agro-pastoralisme cantalien représentait après-guerre trois mille buronniers, mille burons et 60 000 ha de «montagne» exploités pour la production du fromage.
A partir de la plus haute Antiquité, la montagne est l’annexe directe de l’exploitation, elle permet aux agriculteurs de disposer de pâturages d’été pour accroître leur cheptel, trop à l’étroit sur leur exploitation propre.
Les herbages de moyenne montagne accueillent les troupeaux placés sous la surveillance d’un berger. Seuls montent des professionnels qui étaient attachés à l’exploitation ou recrutés pour la saison.
Ils sont en général trois pour une « vacherie » de soixante vaches laitières : le berger, l’aide-vacher et le vacher. Ces hommes, de l’âge de 12 ans à plus de 70 ans, mènent pendant quatre mois une vie solitaire dans un paysage grandiose mais au climat rude. Ces hommes ont la responsabilité du troupeau et de la qualité du fromage produit, résultat d’un savoir-faire unique et jalousement préservé. Ces hommes, qui font la richesse de l’exploitation, ont été les maîtres d’oeuvre d’une économie pastorale aujourd’hui disparue.
Hommage aux buronniers, l'oeuvre "Ma montagne"
Face aux mutations du territoire (changement des modes de production agricole, désertification des montagnes, modification des paysages), Jean-Paul Soubeyre, agriculteur, a souhaité, dès 2005, honorer la mémoire des buronniers. Ils ont, durant des siècles, profondément marqué la vie sociale et économique de ces terres dites d’estive ou de transhumance.
Sollicitée, l’artiste Camille Henrot a répondu à la commande d’une oeuvre qui témoigne d’une histoire humaine forte, d’une oeuvre-mémoire qui traduise le lien étroit entre l’homme, l’animal et le paysage, d’une oeuvre-trace dispersée dans la montagne.
Ni monument aux morts ni entreprise de folklorisation cette oeuvre contemporaine s’inscrit dans la continuité de l’histoire universelle de l’agropastoralisme. Bien au-delà de ce territoire, elle croise l’image iconique du berger dont la mythologie et l’art se sont emparés durant des siècles.
Le groupe à l’origine de la commande est constitué de Pierre Bonal et Claude Prunet (maires successifs de Pailherols) ainsi que de Marcel Besombes, André Combourieu, Michel Frégeac, Charles Terrisse (membres de l’association Sauvegarde des burons du Cantal), Marie-Françoise Christiaens (directrice du CAUE du Cantal) et de Jean-Paul Soubeyre (agriculteur).
Convaincues de l’obligation de « faire acte de reconnaissance » pour ces hommes, l’association Sauvegarde des burons du Cantal et la commune de Pailherols se sont associées pour accompagner le projet.
L’association Sauvegarde des burons du Cantal est impliquée depuis 1984 dans la restauration de « burons » situés en altitude, véritables marqueurs d’un paysage lié au pastoralisme.A l’heure actuelle une centaine de burons a été mise hors d’eau et restaurée. L’association contribue également à valoriser ce patrimoine via des films, des dépliants…
La commune de Pailherols (170 habitants) est située dans le Carladès, sur les Monts du Cantal (1 000 m d’altitude) sur un territoire traditionnellement consacré à l’estive (territoire de la vache Salers).
Commanditaires
- Association pour la sauvegarde des burons du Cantal ; Commune de Pailherols
Mediateur
- Valérie Cudel et Mari Linnman, Association A demeure
Soutien
- Fondation de France, Fondation Carasso, Ministère de la Culture et de la Communication au titre de la commande publique, DRAC Auvergne, Commune de Pailherols, Département du Cantal, Communauté de communes Cère et Goul, Association pour la sauvegarde des burons du Cantal
Pailherols, Cantal, France, 2016
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